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Bernard au Niger
15 octobre 2006

Semaine 31 : Niger – Ouganda : 0 – 0

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Photo : 08.10.2006 - Notre gardien Kalifa et sa récolte d'arachides

Pendant le ramadan, pas facile pour un Nigérien de trouver un passe-temps intéressant, juste de quoi faire passer cette faim et surtout cette soif qui lui tenaille les entrailles, surtout en fin d’après-midi. Alors, rien de tel pour tuer le temps en attendant la rupture du jeûne, vers 18H45, que d’aller assister à un match de football !

Je ne m’attendais pas à des exploits à la Zidane, ou à des mouvements collectifs de grande envolée, puisque nous avions affaire dans l’équipe nationale du Niger à des joueurs amateurs. Allaient-ils être mangés tout crus par les semi professionnels ougandais, comme ils l’avaient été lors de leur premier match par les Nigérians, chez qui la plupart des joueurs évoluent dans les championnats européens ? Je me posais toutes ces questions en me rendant à pied au stade, puisqu’il n’est distant de chez moi que d’un bon kilomètre.

Pas trop difficile d’acheter le billet d’entrée, 1000 F, soit 1,5 euro, pour une place dans les tribunes latérales. Il y a bien des places VIP à 5000 F, mais je préfère l’ambiance de la foule dans les tribunes populaires. Une longue file sinue devant l’entrée, où des policiers armés de matraques filtrent les spectateurs. Vingt minutes d’attente en file indienne avant d’entrer dans le stade, juste à temps pour assister aux hymnes nationaux.

La tribune est noire de monde, au propre comme au figuré, et je n’ai aucune peine à identifier les seuls blancs, mon collègue Norman, le Canadien, et son fils. Très peu de femmes, sauf une vendeuse de beignets. Je me demande ce qu’elle peut bien espérer en plein ramadan, mais peu après, elle repasse près de nous avec son plateau presque vide. Il y a parfois des accommodements avec la dure loi musulmane, notamment pour les joueurs, qui sont dispensés du jeûne, m’a-t-on certifié. Heureusement pour eux, car la température dépasse allègrement les 35° à l’ombre, où nous sommes, alors qu’eux évoluent en plein soleil. Un gros nuage va passer pendant le match juste à côté du stade, apportant par moment quelques vagues de fraîcheur bienvenue.

Quant au match lui-même, sans être d’un haut niveau, il est plutôt plaisant, le spectacle étant souvent dans les tribunes quand le team local s’approche du but adverse. La première mi-temps se termine sur un score vierge. Au retour des vestiaires, les Nigériens évoluent avec un léger vent arrière, vers le but ougandais situé à notre hauteur. Nous aurons droit à quelques belles tentatives, avec notamment un but « tout fait », comme on dit, manqué par un attaquant nigérien. Aussitôt, des spectateurs vocifèrent devant nous, vers leur coach, exigeant qu’il remplace le coupable ! Des changements sont effectués des deux côtés, mais ce sang neuf n’apporte aucun résultat tangible, et après quelques frayeurs partagées en fin de match par des joueurs visiblement épuisés, les deux équipes se quittent sur un score nul...

Alors, curieusement, une dizaine de policiers casqués protégés par des boucliers se rendent au centre du terrain, y encadrent les trois arbitres, qui n’avaient nullement démérités et ne faisaient l’objet d’aucune menace, pour les reconduire sous bonne escorte vers leur vestiaire. Des précautions sans doute nécessaires dans d’autres pays moins placides, où on n’hésite pas à menacer, voire à malmener celui qui a malencontreusement loupé un penalty décisif !

Il est un peu plus de 18H. Les spectateurs quittent le stade en silence, par petits groupes. Chacun rentre chez soi pour savourer la fin d’une autre journée de ramadan.

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Bernard au Niger
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