Semaine 33 : Ouf ! Le ramadan est fini !

Photo : 20.10.2006 - L'ambassadeur belge à l'hôpital

Je ne sais pas comment ils ont fait, mais le ramadan s’est finalement terminé le samedi soir. Dimanche devenait donc jour de fête, et comme il n’y a plus officiellement de récupération pour les jours de congé tombant pendant le week-end, lundi était jour de travail ! C’était très calme au bureau, où manifestement la majorité des agents nigériens jouaient quand même les prolongations de la fête. Il semblerait qu’un imam de la région de Diffa, dans l’extrême est du pays, aurait aperçu un bout de croissant de lune samedi soir... Alors, comment expliquer qu’en France, à la même latitude, la fête a eu lieu le lundi, et au Maroc, le mardi ! Peut-être l’imam a-t-il confondu le reflet d’un avion traversant le ciel à la nuit tombée avec un éclat de lune ? Les voies de l’islam sont impénétrables...

Le bilan du ramadan est nettement plus positif au Niger que dans les autres pays où je l’ai vécu. Le rendement a bien entendu baissé, surtout la troisième semaine, mais des réunions se sont tenues comme d’habitude. Il n’était pas rare qu’un participant respectant le jeûne dépasse l’heure de rupture sans manifester la moindre intention de se désaltérer... On rencontrait dans les rues des adultes fumant, buvant, mangeant, sans que cela semblât déranger personne. Une bonne note donc pour le Niger, qui respecte ainsi la laïcité annoncée dans sa constitution. La religion y reste bien un engagement individuel, même si l’islam est partagé par la presque totalité de la population.

Le jour de la fête, nous avons eu la surprise de trouver le petit marché complètement abandonné. Pas de vendeur, pas de denrées. Plusieurs jours après la fête, les approvisionnements étaient encore loin d’avoir retrouvé leur niveau normal. Pas de problème dans les magasins libanais, dont les propriétaires, chrétiens pour la plupart, ont ouvert comme pour un dimanche normal en matinée. Par contre, les rues de Niamey étaient envahies par des groupes d’enfants, arborant tous des vêtements neufs. C’est une tradition de rhabiller les enfants pour cette fête. Grâce aux vêtements importés en masse de Chine, il est possible pour un père de famille de s’acquitter de son devoir sans se ruiner. N’empêche que la fin du mois se passe financièrement dans la douleur, d’autant plus que le Trésorier Général, qui assistait récemment à une de nos réunions, avouait qu’il avait le plus grand mal à joindre les deux bouts pour payer les salaires...

Un lieu qui a attiré aussi la foule, c’est le musée situé en plein centre ville, qui est aussi un parc zoologique. Aussi bien le dimanche que le lundi, les enfants attendaient en file pour y entrer. Les écoles, elles, avaient congé lundi, et c’était la cohue pour y pénétrer. L’entrée du musée était gratuite en ces jours de fêtes.

La semaine précédant la fête, l’Ambassadeur de Belgique au Niger, qui réside à Ouagadougou, est venu en visite à Niamey, où il a rencontré toutes les personnes qu’il souhaitait, malgré que nous nous trouvions dans une période sensible. J’en ai profité pour l’accompagner dans ses visites d’hôpitaux. J’ai pu constater que ceux-ci présentent des conditions très acceptables au point de vue de l’hygiène, si on tient compte des standards africains. Malgré l’extrême pauvreté du pays, nous sommes loin des mouroirs de Kinshasa... Ce fut aussi l’occasion de faire le point avec l’Ambassadeur sur l’évolution de mon programme, toujours plombé par les retombées de l’affaire MEBA, avec nos deux anciens Ministres de l’Education qui croupissent en prison. La fin du ramadan nous permettra-t-elle de débloquer la situation ?