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Bernard au Niger
11 mars 2007

Semaine 52 : Bivouac à l’extrême pointe du W

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Photo : 03.03.2007 - Puits

La vue est imprenable de la plate-forme qui surplombe le tournant à angle aigu que fait le fleuve, le dernier avant de plonger définitivement vers le Nigeria et son delta. En cette fin d’après-midi, nous contemplons l’autre rive, très boisée, qui fait partie du parc naturel. Des milliers de canards voguent au fil de l’eau, puis s’envolent tout à coup dans un épais nuage vivant. Nous nous préparons pour passer la nuit. Chacun monte sa tente entre les rochers, puis rejoint le groupe assis autour de la table pour prendre l’apéritif avant de passer aux choses sérieuses. Paula prépare des toasts avec du saumon fumé et du thon, pendant que je m’occupe du barbecue. J’ai amené des brochettes de porc et des merguez. Il me faut une bonne braise pour que la viande puisse être savourée juste cuite à point.

Pour en arriver là, nous avons parcouru 200 Km de piste, d’abord bien tracée mais pas en trop bon état jusqu’à Kirtachi, où nous avions pris la pirogue pour aller au parc le 1er mai l'an dernier, puis de petites pistes à peine visibles pour rejoindre l’autre côté du W que fait le Niger au sud du pays. Heureusement, Pierre dispose d’un GPS qu’il maîtrise parfaitement, et il a préparé soigneusement son itinéraire. Nous arrivons près d’un gros village. Yves constate un morceau de bois fiché dans son pneu arrière. Quand il l’enlève, le sifflement de l’air s’échappant lui fait comprendre qu’il est victime d’une crevaison. Pas de problème, Pierre dispose d’un kit de dépannage, un bout de caoutchouc qu’il introduit dans le pneu, et qui bouche hermétiquement la fuite. Avec un petit compresseur raccordé à l’allume-cigare, le pneu est bien vite regonflé, et nous pouvons repartir. Un peu avant l’arrivée au campement, nous traversons le village de Chindo Kwara. Pour amener nos trois véhicules à l’endroit choisi, nous devons traverser une barrière de rochers qui nécessite des manoeuvres délicates. Les nerfs des chauffeurs sont souvent mis à rude épreuve...

Le repas est terminé, nous entendons des tam-tams résonner dans la direction du village. C’est la pleine lune. Je décide d’aller voir ce qui s’y passe, en traversant des champs de rochers. Tout le village est rassemblé autour de trois griots. J’essaye de m’informer, mais personne ne parle le français. Pas d’école, pas de centre de santé. L’isolement total ! Je rentre au campement. Pierre me montre la lune, maintenant réduite de moitié. Une éclipse que nous n’avions pas prévue... Heureusement que j’étais rentré avant qu’elle ne soit complète, car je me demande comment j’aurais traversé tous ces rochers sans clair de lune.

Le matin, après avoir pris le petit déjeuner et démonté les tentes, nous faisons une balade à pied le long du sommet de la falaise, puis nous descendons près d’un autre village au bord du fleuve. Au retour, nous croisons les griots revenant du village. Ils nous régalent au passage d’une aubade. Au beau milieu des rochers, ce concert improvisé a quelque chose d’irréel !

Au retour vers Kirtachi, par un autre itinéraire, nous faisons une halte dans un village où nous observons deux puits à une cinquantaine de mètres de distance l’un de l’autre. L’un, destiné à la consommation humaine, est équipé d’une pompe à bras, l’autre, pour les animaux, de petites poulies. Une femme, enceinte jusqu’aux oreilles, mène deux ânes à la cravache pour extraire l’eau d’une profondeur de 75 mètres. Son époux recueille le sac en peau de chèvre pour le vider dans un bac où s’abreuvent des ânes. C’est toujours mieux qu’à Sargane, où les femmes tiraient les cordes sans poulie, mais le puits était aussi beaucoup moins profond !

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