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Bernard au Niger
3 février 2008

Semaine 92 : Quand le courant s'en va ...

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Photo : 03.02.2008 - Paula au kori du Diable

On nous avait prévenus! Le mois de janvier serait dur, très dur… De gros travaux devaient être effectués sur la ligne à haute tension amenant l'électricité depuis le Nigeria, pour en doubler la capacité, et éviter dans l'avenir les multiples petites coupures qui nous empoisonnent régulièrement la vie. Même dans le « Sahel », journal semi-officiel où l'on ne trouve que des publicités et des articles à la gloire du Gouvernement, la société Nigélec, dispensatrice d'une chère électricité, avait réitéré ses mises en garde : à partir du 8 janvier, dans les villes de Tillabéry, Dosso et Niamey, des coupures interviendraient entre 6H et 18H! Pour les deux premières villes, l'effet fut immédiat, et le courant disparut dès 5H le matin, bien avant le lever du soleil, pour ne réapparaître que vers 19H, empêchant tout travail dans les administrations. Comme les fonctionnaires devaient être malheureux!

Les premiers jours après le 8 janvier, surprise : pas de coupures. Les centrales de secours suppléaient au manque d'alimentation venant du Nigeria. Puis, brusquement, les choses se sont gâtées dans notre quartier, avec des interruptions parfois de plusieurs heures, sans aucune prévisibilité. Le plus gênant, c'était pour le frigo! Celui-ci garde une fraîcheur suffisante pendant plusieurs heures, surtout qu’il fonctionne en permanence depuis qu'il a été réparé, sans plus tenir compte du thermostat… Nous avions pris la précaution de vider le surgélateur, n'y laissant que des bouteilles d'eau, pas trop nécessaires en cette période de fraîcheur atmosphérique. Heureusement qu'ils n'ont pas choisi le mois de mai pour faire ces travaux, quand la climatisation est indispensable pour survivre!

N'empêche, l'absence de courant occasionne de multiples désagréments. Pas d'Internet, même si l'ordinateur portable peut lui encore fonctionner quelques temps. Pas de fer à repasser, pas de lessive, pas de four à micro ondes… Quand les coupures se prolongent le soir, ce qui est arrivé plusieurs fois, nous avions heureusement une lampe au néon rechargeable sur pile qui nous permettait malgré tout quelques activités, et nos lampes frontales de bivouac nous permettaient de circuler dans la maison.

Nous avons bien dû nous adapter. Le plus curieux, c'est que notre quartier était privé d'électricité pendant de longues heures, alors qu'à côté ils ne subissaient pas la moindre coupure! Un soir où l'électricité tardait vraiment à revenir, que Véronique, notre voisine, avait déjà plusieurs fois téléphoné à la Nigélec pour se plaindre, j'ai moi-même pris le cornet pour m'entendre dire : "Si vous n'avez pas encore d'électricité, c'est qu'il n'y a pas de personnage important dans votre quartier!" Beau cynisme, qui correspond bien à l'état d'esprit ambiant en ces périodes politiquement troublées!

Pas de courant signifie aussi arrêt des feux tricolores aux carrefours, ce qui ne change pas grand-chose finalement, car bien peu respectent encore ces feux, souvent au nez et à la barbe des policiers qui souvent saluent les contrevenants au garde-à-vous, sans doute aussi des personnages importants qu'ils reconnaissent! La plupart des feux sont d'ailleurs brûlés, provoquant parfois de belles confusions quand ils fonctionnent d'un côté et pas de l'autre.

Le mois de janvier est fini. Pour la première fois depuis longtemps, nous avons connu une journée entière sans coupure. Ces derniers temps, quand les matches de football de la Coupe d'Afrique des Nations étaient retransmis à partir de 18H, on n'observait plus de coupure le soir. Sans doute auraient-elles provoqué alors des émeutes. Ce qui nous a aussi permis de cuire le soir notre pain sans craindre de nous voir obligés le terminer dans le four à gaz…

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