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Bernard au Niger
27 avril 2008

Semaine 102 : Les écoliers de Firwa

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Photo : 22.04.2008 - Enfants du CP de Firwa

Arrivé au sommet de la falaise, je reconnais le paysage que j’avais déjà découvert de l’autre rive du Niger, quand j’avais assisté à la pêche aux silures. La piste descend en pente raide, plaie béante dans la falaise, suivie par un passage dans des roches tendres d’un blanc laiteux. En bas, la petite mosquée de Firwa, à côté d’une grande maison en dur, celle de l’oncle de l’ancien Premier Ministre évincé l’an dernier. Sa mère était de Youri, le village voisin, où il a construit sa plantureuse villa...

En face, sur l’autre rive du kori, au sommet d’une dune surplombant des rochers, se dresse la petite école, composée de deux classes en paillote. J’y suis déjà venu dimanche, deux jours plus tôt. Je reviens maintenant pendant les heures de classe pour y rencontrer les enseignants et les élèves. En cette fin d’année scolaire, les classes sont dans un triste état, avec des ouvertures béantes dans les parois. Dans chaque classe, en l’absence de bancs, une bonne vingtaine d’enfants sont assis par terre, à même le sable, certains sur des sacs en plastiques. Le directeur est en train de préparer une dictée. Les enfants écrivent sur une ardoise avec de la craie. Ils me reconnaissent, et ils lancent à tue-tête : « Bienvenue ! » Ils sont au CE1, en troisième année primaire donc, et se débrouillent pas mal en français comme j’ai pu le constater déjà dimanche.

Le directeur nous explique que l’autre classe, un CP (deuxième année), est tenu par son épouse. L’institutrice porte fièrement dans les bras son bébé de trois mois, tout en donnant cours. Pendant son congé de maternité, elle n’a évidemment pas été remplacée, et les enfants ont donc pris du retard... Le couple est logé dans une case du village tout proche, une case ronde en paille, comme les autres habitants, qui sont ici des Peuls. Les enseignants ne connaissent pas la langue des enfants, mais comme les gosses se débrouillent aussi en djerma, ils n’ont pas trop de problèmes de communication.

A vol d’oiseau, Niamey n’est qu’à 15 Km. Pour y retourner le week-end, le couple d’enseignants doit traverser le fleuve en pirogue, marcher 3 Km et prendre un bus sur la route de Kollo. De même, chaque mois, ils doivent se rendre à Kollo, dont dépend leur école, pour y recevoir leur maigre pécule. En tout pour eux deux à peine 150 euros. Souvent, ils doivent patienter toute une journée avant de recevoir leur dû, tant sont nombreux les enseignants contractuels qui reçoivent le même jour leur paye...

Le chef du village vient d’arriver dans la classe. C’est lui qui de ses propres deniers a fait construire les deux classes paillote, 5000 FCFA, 8 euros, une petite fortune dans ce village du bout du monde. Il nous montre les souches des palmiers doums qui ont été sacrifiés pour servir d’étançons au toit de l’école. C’était dur, dit-il, car ce bois-là est très pénible à couper, mais c’est du solide... Pour le moment, les enfants ne se plaignent certainement pas des grands trous dans les murs de l’école, qui laissent passer une brise rafraîchissante. Il n’est pas encore 10H, et la température est déjà suffocante ! Par contre, en janvier, les pauvres élèves claquaient des dents de froid dans leurs guenilles.

Avant de prendre congé, je promets de rendre prochainement visite à l’inspecteur de Kollo, pour le sensibiliser à fournir des bancs pour les élèves de cette petite école, et pourquoi pas, d’envisager la construction d’une classe en dur, qui en assurerait la pérennité. D’autre part, je rencontre des parents, et j’insiste pour qu’ils prennent bien en charge leur école, sans attendre tout de l’Etat.

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