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Bernard au Niger
31 décembre 2006

Semaine 42 : Tabaski

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Photo : 31.12.2006 - Tabaski chez notre gardien Mamoudou

Cela faisait des semaines qu’on en parlait, de cette fameuse fête du mouton. En principe, elle tombe 70 jours après la fin du ramadan, donc cette année vers le 30 ou 31 décembre... Carambolage en perspective avec le nouvel an ! Mais allez savoir à l’avance quand ce sera, avec la fichue habitude des responsables islamiques de discuter sans fin du jour marquant le début du mois avec l’apparition du premier quartier de lune... Normalement, déjà avant Noël, nous aurions dû être fixés, mais il fallut attendre trois jours avant la fête pour être officiellement informés. Contrairement à ce que la majorité pensait, c’est le dimanche 31 qui est sorti du chapeau ! En Irak, les Sunnites ont fêté le samedi, et les Chiites le dimanche. Il y a une communauté, mais laquelle, qui a été bigleuse en regardant le ciel !

Cela faisait des semaines qu’on ne parlait plus que du fameux mouton qu’il fallait acheter. Comme chacun le veut le plus gros et gras possible, le prix des béliers montait en flèche, pour atteindre des sommets dépassant de loin le salaire mensuel d’un fonctionnaire moyen. Rien à faire, tout un chacun n’avait plus que cela en tête, et les accrochages entre voitures en ville se multipliaient. En revenant d’Agadez, nous avions assisté à une véritable concentration de départs vers la capitale, où se trouve l’argent, comme chacun le sait. Des cargaisons de béliers (les brebis sont exclues du sacrifice) sur les toits des minibus, et jusque sur les semi-remorques, l’inévitable bestiole entravée se demandant ce qui lui arrivait secouée comme elle l’était au passage des nids de poule.

Ayant vécu des fêtes du mouton à Djibouti et au Maroc, sans oublier chez nous en Belgique, je me demandais comment cela pouvait bien se passer ici, avec les dizaines de milliers de béliers qui devaient être sacrifiés rien que pour la ville de Niamey. Vers 9H, dimanche matin, je suis sorti dans le quartier, que je trouvais étrangement calme, pratiquement sans circulation. En arrivant près de la mosquée de Yantala, j’ai compris en voyant la foule que tout ce qui comptait de pratiquants dans les environs s’y trouvait. Une affluence record, comme nos curés doivent en rêver pour les fêtes de chez nous. Je rencontre Mamoudou, notre gardien de nuit, qui m’invite à sa maison. Je le photographie avec ses enfants devant son mouton, qui n’en a plus pour longtemps à vivre. Je continue ma balade vers la corniche de Yantala, et je découvre de place en place les différentes étapes du sacrifice : égorgement de la bête, écorchement, recueil des viscères qui sont immédiatement prises en charge par les femmes pour les préparer et les cuire, écartèlement de la bête, puis son empalement sur deux bâtons en croix, afin de la présenter, avec d’autres, face à un grand feu de bois. De temps à autre, quelqu’un passe de l’eau pimentée sur la bête.

Je reviens en début d’après-midi chez Mamoudou, qui s’est associé avec des voisins pour faire griller devant le même feu une bonne dizaine de carcasses. Comme je l’avais promis à Ama, mon chauffeur, je me rends ensuite à Saga où il habite, de l’autre côté de la ville, et je le trouve chez son beau-frère, occupé à préparer un dernier mouton. Du foie et des tripes sont déjà prêts, passés dans la friture. Avec un peu de piment, c’est délicieux.

Le soir, les moutons sont tous grillés. Sur les braises encore brûlantes, les enfants disposent les têtes et les pattes. Une odeur de laine roussie se répand dans toute la ville... Demain, jour de l’an, j’irai chez Mamoudou de grand matin pour déguster avec sa famille une portion de son mouton...

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