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Bernard au Niger
18 février 2007

Semaine 49 : Réunion d’enseignants à Gorou Chirey

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Photo : 09.02.2007 - Cours d'histoire

Vendredi matin. Je suis invité à assister à une CAPED, une réunion d’enseignants du primaire organisée dans le cadre de la formation continue. On parle beaucoup des CAPED dans les réunions du Ministère, de la nécessité de former sur le terrain les jeunes enseignants contractuels qui viennent de sortir de l’école normale où ils ont été si peu formés, et qui ne disposent que d’un bagage scolaire minime correspondant au secondaire inférieur. C’était pour moi une occasion unique de voir comment fonctionnait sur le terrain ce complément indispensable à la formation initiale...

Le directeur de l’école m’avait « bipé » la veille, procédé utilisé ici pour prévenir qu’on doit vous rappeler, pour ne pas dépenser les précieuses unités sur son propre portable. Je l’avais rappelé, et il m’avait confirmé l’organisation pour 8H de cette CAPED. J’imaginais bien qu’il y aurait comme d’habitude un certain retard, et je suis encore passé au bureau avant de traverser le fleuve pour aller à la réunion. Je ne m’étais pas trompé, car les participants, originaires de six écoles de la rive droite de Niamey, sont arrivés au compte goutte, certains par bus, d’autres en vélomoteurs.

En attendant, j’ai observé les institutrices de Gorou Chirey qui préparaient, avec les grandes élèves de CM2, le repas de midi, point d’orgue de la réunion. Au menu, du couscous de riz, une sauce à base d’oignons et de tomates, et du poisson frit. J’étais étonné, car Gorou Chirey est un village peul, composé d’éleveurs qui ne mangent normalement pas du poisson. La proximité du fleuve les a sans doute amenés à adapter leurs habitudes alimentaires.

A 9H30, les directeurs des écoles invitées étant tous arrivés, les enseignants ont pris place dans une classe de CM1 (5e) où l’institutrice s’est évertuée à donner une leçon d’histoire à un groupe restreint d’une dizaine d’élèves. Je connais bien cette institutrice, contractuelle de bonne volonté, mais pas très brillante. Une leçon à faire se dresser les cheveux sur la tête d’un pédagogue moderne, par son formalisme et le manque d’interaction entre la maîtresse et ses élèves. Son objectif était de construire un résumé bien préparé à l’avance, puis de le faire apprendre par coeur à ses élèves, qui avaient manifestement répété avant plusieurs fois cette leçon... Je m’imagine ce type de leçon chez nous au milieu du XIXe siècle, et encore...

La leçon terminée, à la satisfaction évidente des autres enseignants qui procèdent sans doute de la même manière, tous les participants se sont réunis dans une grande classe. Je m’attendais à une analyse critique de ce qui avait été observé, mais une remarque dans ce sens énoncée par une enseignante qui me semblait plus délurée que les autres a été étouffée dans l’oeuf par le directeur président de l’assemblée, qui voulait que l’on s’attache tout simplement à corriger le plan formel de la leçon écrit au tableau. Rabrouée une deuxième fois, l’enseignante n’a plus pipé mot de la séance, ni non plus les autres enseignants, laissant le crachoir aux directeurs qui ont discuté deux heures durant de détails de forme infimes dans le développement du plan de la leçon... Pas très formatif tout cela.

Nous sommes ensuite passés au repas, que j’ai partagé dans un grand plat avec le conseiller pédagogique de ces écoles, arrivé en retard à cause d’une manifestation d’étudiants qui avaient bloqué le pont. J’avais eu de la chance de partir tôt le matin... Je lui ai exprimé mon désappointement par rapport à ce que j’avais vu, et il m’a promis que la prochaine réunion, qui doit se tenir bientôt dans une petite école en brousse, serait consacrée à des discussions sur un thème mieux adapté aux besoins des enseignants... Acceptons-en l’augure !

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