Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bernard au Niger
9 septembre 2007

Semaine 71 : Le retour d’Emilie

071_2006_12_23_11_01_00

Photo : 23.12.2006 - Emilie dans l'Aïr

Vendredi dernier, Emilie est venue à midi avec Suzanne partager notre couscous... Comme Suzanne, Emilie est arrivée en moto. Elle a d’abord voulu nous faire accroire qu’elle était rentrée d’Agadez à moto, pour bien vite avouer que la moto d’enduro dont elle disposait là-bas pour lui permettre d’effectuer des missions dans l’Aïr étant celle du projet, c’était sur une moto d’emprunt qu’elle circulait maintenant à Niamey... Son voyage de retour s’est passé sans problème, jusque Tahoua avec un véhicule des Nations Unies, ensuite en voiture avec des amis. Entre Birni N’Koni et Dogon Douchi, un pont emporté par les pluies oblige à faire un détour de plus de 40 Km de piste, et sur ce parcours, Emilie a compté plus de 150 camions bloqués !

La situation à Agadez même n’était pas intenable, même si l’« état de mise en garde » qui y règne restreint sensiblement les possibilités de mouvement. Cependant, Emilie a vu arriver des troupes gouvernementales avec de toutes jeunes recrues, envoyées au casse-pipe après juste un mois de préparation au cours de laquelle, pour des raisons d’économie, elles n’ont pas pu tirer un seul coup de feu ! Dans les exercices, ces soldats d’opérette s’élançaient en criant : « Pan ! Pan !... » Pas étonnant que ces soldats soient nerveux, et qu’ils aient tiré dernièrement sur un camion d’oignons qui s’approchait d’Agadez à l’aube. Le gouvernement a tenté par la suite de présenter cet incident comme un méfait des rebelles, le camion ayant sauté sur une mine, mais au vu des dégâts présentés à la télévision, chacun a pu se rendre compte qu’une mine aurait fait des dégâts plus importants et bien des victimes !

A l’approche du ramadan, peut-être est-il plus facile de circuler à Agadez qu’à Niamey ! Ce même vendredi, je terminais à la Coopération Japonaise un séminaire de quatre jours en préparation d’un projet de formation des directeurs d’école. Les jours précédents, une jeune Japonaise nous avait exposé comment ce type de formation était organisé au Ghana et au Sénégal. Le matin, comme nous nous étonnions de son absence, on nous avait dit qu’elle était souffrante. Ce n’est qu’en fin de matinée que nous avons appris qu’elle avait été le matin même victime d’une agression ! En sortant de chez elle, non content de lui arracher son sac, son agresseur l’avait violemment frappée, au point qu’elle avait eu l’omoplate brisée. Son rapatriement sanitaire au Japon était envisagé.

Suzanne nous a raconté qu’elle venait elle aussi d’être victime d’une tentative de lui arracher son sac, par des motards, alors qu’elle circulait en moto. Ils n’étaient pas parvenus à leurs fins, mais déséquilibrée, Suzanne avait chuté et s’était écorché le coude. Le lendemain, alors que des policiers l’arrêtaient pour lui demander une nouvelle fois ses papiers, dans le but évident de la racketter, elle leur avait demandé quand ils se décideraient à faire autre chose que de guetter toute la journée des contrevenants imaginaires, et qu’ils patrouilleraient le soir pour protéger les gens des voleurs... Manifestement, ce n’est pas leur problème. Ils préfèrent s’offusquer que nos papiers soient des photocopies - Ordre de l’Ambassade – pour éviter qu’ils les confisquent et nous obligent à leur allonger la pièce pour les récupérer... Certains n’hésitent même pas à tenter de verbaliser des automobilistes, avec plaque verte bien sûr, qui auraient passé un feu rouge qui ne fonctionne plus depuis des mois !

La situation dans le Nord du pays, avec le refus des autorités d’entamer un dialogue avec les rebelles, provoque un climat délétère qui commence à peser bien lourd...

Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
Publicité
Bernard au Niger
Publicité