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Bernard au Niger
23 septembre 2007

Semaine 73 : Soudouré, cauchemar des camionneurs...

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Photo : 22.09.2007 - Camion ensablé à Soudouré

Depuis le 4 août, jour funeste où le pont sur la route de Tillabéry fut emporté, quand plus d’une dizaine de personnes perdirent la vie en tombant avec leur minibus dans le torrent, une déviation de la route a été tracée par Tondibiah et Soudouré. Un panneau sur la grande route indique clairement la route à prendre, et précise que celle-ci n’est pas accessible aux camions. Pourtant, comment faire autrement ? Il n’y a pas d’autre moyen de rejoindre Tillabéry, si ce n’est par la piste de la rive gauche et le bac de Farié, itinéraire tout aussi problématique en cette fin de saison des pluies.

Depuis six semaines déjà, il faut d’abord descendre par une bonne piste vers les casernements de Tondibiah, un centre de formation de l’armée nigérienne, puis prendre à droite au travers du village de Soudouré. Ce village est coincé entre deux koris. Leur franchissement demande déjà une bonne dextérité dans la conduite, avec leurs berges abruptes et les mares d’eau qui les ponctuent.

Pourtant, ce n’est là qu’un maigre hors-d’oeuvre, car ce qui attend le conducteur un peu plus loin est d’un tout autre calibre, juste avant un petit village à traverser avant de rejoindre le plateau et un peu plus loin la route bitumée, le « goudron ». Là, tout se corse, avec deux mers de sable à traverser. Pas trop de problème pour un bon 4X4 comme le mien, à condition de ne pas se retrouver bloqué bêtement en plein milieu du parcours par un camion ensablé... La semaine dernière, Philippe et Monique, qui n’ont pas de 4X4 à leur voiture, ont dû faire demi-tour. Pour les aider à traverser le passage, les habitants du village leur réclamaient 10.000 F (15 euros), et Philippe n’a pas voulu céder à leur chantage.

Je suis venu ce samedi matin prendre quelques photos, sans trop m’exhiber, car je suis aussitôt assailli par des gamins qui me réclament des « cadeaux ». A l’entrée du premier bourbier, un groupe de jeunes attend patiemment à l’ombre qu’une victime se présente. En cas de problème, ils monnayeront chèrement leur aide... Pas de chance pour eux aujourd’hui, le passage, quoique délicat, n’est pas trop encombré. Même les voitures ordinaires passent en force, sans grandes difficultés. Les minibus chargés de voyageurs débarquent ceux-ci à l’entrée du passage, qu’ils font à pied pendant que leur véhicule allégé s’engage dans les ornières.

De part et d’autre de la piste, des fillettes tirent l’eau des puits, des femmes pilent le mil, pendant que les hommes, affalés à l’ombre, dorment ou discutent, sans leur tasse de thé habituelle, ramadan oblige...

Un peu plus loin, à l’entrée du village, un camion est profondément enfoncé dans le sable. Cela fait deux jours qu’il est là. Des ouvriers s’acharnent à en dégager les roues. Au début, ils me réclament de l’argent pour que je puisse faire des photos, mais après un bref palabre, ils comprennent que je veux montrer combien ils souffrent à tenter de sortir ce camion, lourdement chargé, de ce mauvais pas. Il paraît que l’entreprise française occupée à rénover complètement la chaussée au départ de Niamey a promis de venir déverser quelques camions de latérite pour améliorer le passage. Qu’ils ne traînent pas trop, car ce n’est pas sur le gouvernement qu’on peut compter pour trouver une solution à ce genre de problème...

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