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Bernard au Niger
11 novembre 2007

Semaine 80 : Deuil à Saga

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Photo : 04.11.2007 - Cimetière des enfants à Saga

Quand le téléphone portable a sonné dans la voiture qui nous ramenait du Hash samedi soir, la nouvelle est tombée : le père d’Ama, mon chauffeur, est décédé... Ce n’était pas une surprise, car le père d’Ama était hospitalisé depuis une semaine, et les chutes de tension à répétition de ces derniers temps n’étaient pas d’un bon pronostic.

Dès que je suis rentré à la maison, j’ai téléphoné à Ama pour lui présenter mes condoléances, mais surtout pour organiser avec lui les funérailles. Il était clair qu’il aurait besoin d’une aide pour les déplacements liés à l’enterrement. Avec le décès de son père, Ama devient le nouveau chef de la famille, ce qui l’oblige à diriger les cérémonies du deuil musulman. En terre d’Islam, la mise en terre se fait très rapidement, dans la journée même du décès si c’est possible, et en tout cas au plus tard le lendemain.

Ama m’avait dit que la levée du corps aurait lieu à 8H, à la morgue de l’hôpital principal, où son père était décédé. Je suis donc parti le chercher chez lui à Saga à 7H30. Mon véhicule a tout de suite été rempli par des participants à l’enterrement, notamment deux marabouts. Je connais bien la morgue de l’hôpital. Je passe devant matin, midi et soir, sur le trajet du bureau. Parfois, quand on met en terre une « grosse légume », la foule y est tellement compacte que le passage est difficile... Cette fois-ci, ce n’était pas la toute grande agitation, mais le parking devant la morgue était quand même bien rempli.

Je suis entré dans la morgue, et j’ai vu le corps, dans une petite pièce, emballé dans une couverture. On a transporté le corps dans une autre pièce, et on l’a déposé sur une grande table. Nous sommes alors sortis, car des préposés allaient procéder à la toilette du corps. Une partie de la morgue est une mosquée, où les participants ont pu faire leurs ablutions en attendant le retour du corps, emballé en plus dans une grande natte pour le transport.

Un pick-up attendait devant l’entrée. Une courte prière, puis le cortège se mettait en marche, en direction de Saga. Devant, le pick-up avec quelques jeunes gens debout autour du corps, puis une noria de motos, et enfin les voitures. L’allure était réduite, les feux rouges franchis sans s’en inquiéter. La plupart des voitures en sens inverse s’arrêtaient lors du passage. Le cortège a évité le quartier populaire de Gamkallé, avec ses trop nombreux ralentisseurs qui auraient pu trop secouer le mort, et s’est dirigé vers Saga en prenant la route de l’aéroport, puis en traversant la zone industrielle.

Au centre de Saga, le cortège a viré dans une rue étroite, et juste en sortant de l’agglomération, pénétré dans le cimetière. Là, des centaines de tombes, la plupart de simples monticules de sable surmontés de deux bouts de bois. Je n’ai pas pu approcher de la tombe fraîchement creusée dans le sable tant la foule des hommes était dense. Le corps a été mis en terre, une fathia a été célébrée, et le trou rebouché. Pendant toute la cérémonie, pas une seule femme en vue, rien que des hommes adultes...

Nous sommes retournés au lieu du rassemblement familial. Ama a commencé à y recevoir les hommages des habitants du village. Il était à peine plus de 9 heures, tout était terminé. Ama sera en congé jusqu’à mardi, quand la fathia du troisième jour aurait été prononcée, puis il reviendra au travail, la tête rasée comme il se doit pour souligner son deuil.

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