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Bernard au Niger
25 mai 2008

Semaine 106 : De Foumbia à Beyka

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Photo : 15.05.2008 – L’école de Beyka

Nous avions visité des petites écoles perdues au bord du fleuve, à Firwa, avec ses paillotes traversées par la brise, et à Faoude Banda, où nous avions pu prévenir l’instituteur de notre arrivée par téléphone portable (il en possède même deux !). A chaque fois, le même dénuement. En tout et pour tout matériel pédagogique, un tableau noir délavé, une chaise pour le maître, des sacs en plastiques pour (presque) tous les élèves, assis à même le sol, des ardoises et des bouts de craies chichement distribués. Pourtant, on sentait dans ces deux écoles une volonté de tous, enfants, parents, enseignants, de promouvoir une scolarisation réussie. Sans doute pas selon les normes de chez nous, ni même en rencontrant les programmes délirants proposés ici, mais en apprenant aux enfants les bases de la lecture, de l’écriture et du calcul dans la langue officielle qui est le français au Niger.

J’ai contacté le Conseiller Pédagogique du secteur de Kahé, à une vingtaine de kilomètres de Niamey sur la route de Say. Je lui ai demandé de nous conduire dans d’autres écoles rurales, loin du goudron et du fleuve, pour me rendre compte des problèmes rencontrés par ces populations souvent oubliées. Toute cette région est peuplée de Peuls, récemment sédentarisés, gardant encore traditionnellement un cheptel important. Pour nous accompagner, le directeur de l’école primaire de Kahé, qui est aussi l’organisateur de réunions pédagogiques d’enseignants, et le responsable des ressources humaines pour le secteur. Ce dernier parle foulfouldé, la langue des Peuls, ce qui nous permet de communiquer avec les populations rencontrées, même les femmes qui ne parlent pas d’autre langue.

La première école, Foumbia, se trouve à 9 Km de la route goudronnée, accessible par une piste assez facile. Trois classes en paillote nous attendent, avec seulement un enseignant présent, les autres étant partis justement aujourd’hui toucher leur pécule mensuel à Kollo, dont dépend le secteur, de l’autre côté du fleuve... Ce maître enseigne dans un CM2, dernière classe du primaire. Il a créé l’école voici six ans. Ses élèves l’ont donc suivi de classe en classe pendant toute leur scolarité. Jusqu’il y a quatre mois, les enfants n’avaient pas vu un banc ! Le secteur leur en a prêté, afin qu’ils apprennent à écrire sur une surface horizontale lors de l’examen d’entrée au collège qui les attend dans un mois. Malgré toute leur bonne volonté, et le dévouement du maître, je crains que beaucoup ne réussissent pas. L’an prochain, le même maître s’occupera des doubleurs pour leur donner une nouvelle chance.

La deuxième école, Beyka, n’est qu’à 7 Km à vol d’oiseau de Foumbia, mais il n’y a pas de piste pour y aller directement. Nous devons retourner jusqu’à la route, puis emprunter une autre piste de 11 Km pour y arriver. Nous y trouvons une seule classe, toute petite, avec des trous dans les murs, un bout de tableau à moitié mangé par les termites, le sol en terre battue. L’instituteur est absent. Il est parti lui aussi toucher sa solde. Les quelques élèves qui viennent nous rejoindre, qui sont en fin de deuxième année, savent à peine écrire les dix premiers nombres... On lit le découragement sur les visages des enfants, un manque de motivation également chez les femmes, leurs mamans, qui sont venues s’installer progressivement dans la classe. La récolte l’an dernier a été mauvaise. La nourriture commence à manquer, ce qui explique sans doute en partie le peu d’engouement pour l’école. Pour tout le village, il n’y a qu’un puits, d’une vingtaine de mètres de profondeur, mal protégé des animaux, donc certainement pollué. Des conditions d’existence difficiles, qui expliquent peut-être pourquoi cette école fonctionne mal...

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